Mon enfant, ce bambou ?
J’aime à bavarder de pédagogie avec les mamans. Bien qu'éternelle ado, sur ce sujet, je me sens plus proches de mamans trentenaires à la culture traditionnelle, d’Afrique noire ou du nord, ou même d’Asie.
L’une d’elle me dit un jour : "Tu prends une tige de bambou. Jeune, on peut la tordre : elle est souple. Adulte, quand on la tord, elle se brise. Il en va de même avec les enfants".
Intéressant, même si on frôle les théories behavioristes.
En ce moment, je me pose la question de l’autorité.
Je ne sais pas si l’on peut dire d’une maman de 8 mois qu’elle est « permissive », en tout cas, je ne suis pas autoritaire. J’utilise le « non » avec parcimonie, voire pas du tout. Je laisse mon fils jouer avec la nourriture, balancer ses jouets au dessus de son lit, me tirer les cheveux, m’attraper les lunettes… Je pars du principe que cet enfant, à l’âge qu’il a, a besoin de découvrir son environnement, de toucher à tout. Il découvre les matières, les formes, les sons. Alors il touche à tout, il agite, tire, tors, met à la bouche… Il découvre la vie et ce qui la compose. Ses sens sont au paroxysme de leur éveil et je ne veux surtout pas les brider.
Ma permissivité trouve son origine, non pas dans le laisser faire, mais dans le laisser découvrir….
Depuis peu, il fait ce que l’on peut appeler des crises. Si il souhaite attraper quelque chose et que je ne lui permets pas (la sécurité en serait la seule raison, quelle horreur, j’y reviendrai) il se jette en arrière, par terre, se met rouge de colère et hurle. Il apprend la frustration et affiche un caractère bien affirmé. Je ne me laisse pas encore dépasser, mais je sens que ça pourrait bien être le cas.
Je remets donc en cause ma façon de faire. Apprendre la frustration. Dire non à un enfant. Lui fixer des limites. L’écrire me fait du mal, mais j’ai bien l’impression que cette étape est indispensable. Le bambou est encore souple. Mais comment ne pas faire le parallèle avec les théories behavioristes ? Mon enfant n’est pas un bambou et encore moins un caniche à qui je donne un sucre pour le récompenser, ou une fessée pour le punir. Je souhaite révéler sa nature qui, comme tout être humain vierge de toute influence sociale est bonne, et non la façonner comme il est entendu de faire avec les enfants aujourd’hui.
"Les punitions, les menaces, les humiliations n'atteignent jamais leur but à long terme, parce qu'elles provoquent colère et rancœur, parce qu'elles portent atteinte au lien entre parents et enfants."
La véritable nature de l’enfant – Jan Hunt
Je suis face à un dilemme, pour lequel je n’ai pas de solution idéale.
Donc j’essaye d’être une mère suffisamment bonne (sans faire référence à la good-enough mother de Winnicott) et de suivre mon instinct de mère, sans m’enquiquiner des questions du « trop » ou du « pas assez ». Pas toujours évident d’avoir confiance en la mère qui est nous.